Je peux bien l’avouer j’ai beaucoup de mal avec la science-fiction, surtout en littérature d’ailleurs bien plus qu’au cinéma. Ce que pourrait être le futur, ce qu’aurait pu être le présent…la mise en scène d’univers où se déroulent des faits non reconnus en l’état actuel d’avancement de notre civilisation m’effraie sans doute autant qu’elle me dépasse. Fahrenheit 451 attend sagement que je veuille bien m’y pencher, Lovecraft a eu raison de moi en quelques pages, Isaac Asimov et Arthur C. Clarke décorent ma bibliothèque. En revanche Ridley Scott, Stanley Kubrick, Terry Gilliam ou James Cameron me fascinent à l’image…ination.
Je me souviens d’un professeur d’urbanisme féru du Corbusier nous faisant une digression intéressante sur la ville futuriste dans les films de science-fiction. Pour décrire une société future, rien de tel que décrire une ville. Son urbanisme et le contrôle qu’y exerce l’Etat, son esthétique, son organisation, le mode de vie de ses habitants rendent compte d’un état social et économique. S’appuyant sur Blade Runner, l’analyse visait à comparer la structure urbaine de nos villes à division horizontale entre quartiers riches et quartiers pauvres (même si la loi SRU a contribué en France ces dernières années, dans certaines collectivités politiquement investies, à favoriser la mixité) à la structure urbaine verticale proposée dans le film de Ridley Scott. En haut – la ville haute – regorge de riches et d’hommes de pouvoir, alors qu’en bas – la ville basse – brassent pauvres et esclaves vivant dans la crasse et la violence. Cliché sans doute me direz-vous, et pourtant la réalité dépasse bien souvent la fiction en la matière et se pencher sur la structure urbaine c’est s’interroger sur ce qu’exprime la volonté d’être et de paraître d’une société. Bref, tout ça pour dire quoi? Qu’aborder la science-fiction est tout un art et demande un degré d’imagination particulier qui parfois me fait défaut. Frustrant n’est-ce pas?
Looper n’a pas fait exception, ma logique s’égarant parfois dans les méandres des va et vient spatio-temporels qu’au final je ne suis pas sûre d’avoir toujours bien captés. Mais qu’importe je me suis largement laissée happer par un scénario bien ficelé et l’originalité d’une histoire axée sur la confrontation du héros à son double de trente ans plus âgé obnubilés par un gosse que l’un veut tuer, l’autre protéger tous deux au nom de l’innocence et de l’amour. Pourtant exit les grands sentiments et la morale, chacun des personnages ayant été amené à commettre des actes abjects comme tuer des enfants de sang-froid ou vendre son meilleur ami pour quelques lingots d’or. Le bien et le mal s’enchevêtrent en permanence rendant le(s) héros tantôt attachant(s), tantôt repoussant(s).
Et qui peut se targuer d’avoir compris le dénouement? Happy end ou catastrophe annoncée? Certains y verront une fin heureuse là où moi je n’ai vu que la disparition d’un personnage envahit dans ses jeunes années par de nobles sentiments à l’égard d’une mère et de son garçon qui deviendra de toute façon le Rainmaker (inventeur diabolique de la machine à remonter le temps). Tout ce monde vivant dans un présent bien glauque avec des perspectives d’avenir aussi peu réjouissantes.
Looper est un vrai bon film de science-fiction à voir incontestablement.
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