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Portrait au collodion humide

Thibault de Puyfontaine s’initie à la photographie lui permettant d’explorer la prise de vue et le tirage en noir et blanc en 98. Au cours des années suivantes, il se forme aux techniques de studio et exerce son savoir-faire photographique dans le reportage, le pack-shot et la publicité. Poète dans l’âme, une aventure africaine du Caïre à Maputo le conduit à abandonner ses activités commerciales et à se consacrer à la photographie personnelle. Il prend alors plaisir à se perdre dans le théâtre des nuits urbaines pour en saisir la magie, la beauté, le mystère. Pierre, lumière et couleurs deviennent sa matière première. Autant d’éléments capturés pour constituer une ville rêvée au cœur de la nuit par un passionné de street photography. Disposant de plusieurs cordes à son arc cet adepte d’un tout autre genre, les portraits, a choisi le retour aux sources. Et c’est au collodion humide – un procédé rare qui consiste à prendre directement une photo sur une plaque de verre- qu’il les propose à une clientèle toujours étonnée du résultat. Rencontre avec un photographe à l’expérience pluridisciplinaire.

Thibault, peux-tu te présenter en quelques mots?
T. : Je me suis lancé en tant que photographe professionnel depuis 15 ans déjà ! Mes autres passions sont la peinture, la musique et les livres (sciences sociales et biographies).

La photographie, une passion : autodidacte ou apprentissage en école?
T. : J’ai toujours été qu’autodidacte car c’est comme ça que je fonctionne le mieux. Egalement, ma première expérience en tant qu’assistant plateau dans un studio m’a fait comprendre que faire une école ne m’apporterait rien. J’ai compris à ce moment que la photo est avant tout une question de pratique et d’expérience.

Quelles qualités faut-il selon toi pour être un bon photographe ?
T. : Si la question est de savoir les qualités pour être un photographe professionnel alors c’est une question difficile car les métiers de la photographie sont nombreux avec leurs propres spécialités. Mais je dirais qu’aujourd’hui pour rester sur le marché et penser long terme il faut penser comme une entreprise. Je sais que malheureusement on est loin d’une approche séduisante du métier mais c’est la réalité, à mon sens, du métier de photographe d’aujourd’hui. Entre l’augmentation de la concurrence et la crise, le niveau d’exigence a considérablement augmenté dans des domaines qui n’ont rien à voir avec le simple fait de savoir prendre des photos. Pour dire les choses autrement, savoir faire des bonnes photos ne suffit plus. Il faut maîtriser et comprendre toutes les notions qu’une entreprise doit avoir pour se positionner. La vision, le marketing, le branding, le pricing, la vente, les réseaux sociaux, la gestion administrative, le suivi client …

Tu réalises des portraits au collodion humide : peux-tu nous parler de la technique du collodion humide ?
T. : Le collodion est un des tout premiers procédés de l’histoire de la photo datant de 1851. Les photographies sont prises sur une plaque de verre ou de métal. On est sur un procédé 100% artisanal où il faut tout fabriquer soi même.

Présente nous succinctement les étapes de fabrication du dispositif ?
T. : Après avoir au préalable fabriqué toutes les chimies et découpé le verre il faut d’abord préparer la plaque de verre à recevoir le collodion. Nettoyer avec de l’alcool, dépolir avec du blanc de Meudon, sertir la plaque d’albumine. Puis couler le collodion et la plonger dans un bain au nitrate d’argent. Il faut ensuite 3mn pour que la plaque devienne photosensible. Dans une chambre noire on installe la plaque dans un chassis, on prend la photo puis de nouveau en chambre noire pour le révélateur et bain d’arrêt. La dernière étape peut se faire en lumière ambiante. On plonge alors la plaque dans le fixateur et on voit apparaître son visage et passer du négatif au positif. C’est tellement magique, je ne m’en lasse pas.

Pourquoi ce choix?
T. : A l’époque je voulais découvrir une nouvelle technique photo qui ai une dimension artistique et artisanale. J’étais allé voir quelques années auparavant une exposition de Quinn Jackobson et j’étais tombé amoureux du procédé en me disant qu’un jour je ferai du collodion. Alors je me suis lancé.

Quelle est ta cible, ton public?
T. : Les familles, les couples et les personnes seules.

Nichan - Thibault de Puyfontaine

Le portrait que tu préfères? 
T. : C’est celle de Nichan car c’est une très belle histoire. C’était la première fois que je louais une galerie éphémère pour faire du collodion. J’étais en train de préparer une plaque de verre pour faire un portrait et j’avais oublié de fermer la porte pour que les gens de passage ne puissent pas gêner la prise de vue. Un homme seul rentre et, un peu pressé, je mets du temps à comprendre qu’il est sourd et muet. Il dit être intéressé par un portrait. Je lui explique sur papier comment je fonctionne et on se donne rendez vous pour le lendemain. Le soir même je lui envoie un message de confirmation de séance et voici sa réponse : « Thibault, je veux que tu photographie mon intériorité ». Il est venu le lendemain et c’était un moment très fort avec une photo très forte également. C’est aussi un bon exemple car ça correspond exactement à ma démarche. A savoir aller chercher l’intérieur des gens. Utiliser mon intuition et ce que dégage les personnes et tenter de le révéler sur les plaques de verre. Le collodion le permet.

Envisages-tu une expo?
T. : Pas au collodion mais avec cette série, Late Colors, sur les couleurs de la nuit sur laquelle je travaille depuis 10 ans.

Tes projets futurs?
T. : Continuer à faire des plaques, à apprendre, à évoluer, à creuser l’intériorité des gens et surtout réaliser toutes les images que j’ai déjà en tête, il y en a tellement …


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