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Le sel de la terre – Wim Wenders

« Le sel de la terre » : hommage à ces hommes tels que les décrit Sebastião Salgado l’immense photographe auquel Wim Wenders consacre son dernier documentaire sorti en octobre dernier dans les salles. Photographe lui-même, le cinéaste allemand livre une biographie exceptionnelle en collaboration avec le fils de l’artiste. Réalisé un film au deux tiers constitué de clichés photographiques peut sembler un exercice périlleux pourtant Wenders relève magistralement le défi. Tout a commencé dans une galerie où fasciné par le portrait d’une femme afghane aveugle, il acquiert l’oeuvre de Salgado et n’aura alors de cesse de s’intéresser au travail de l’artiste.

Considéré comme l’un des plus grands photographes de ces 40 dernières années, Salgado fuit le Brésil en proie à la dictature à la fin des années 60. Il arrive à Paris et décide alors de se consacrer pleinement à sa passion. Pour le compte des plus prestigieuses agences, il parcourt le monde entre 1973 et 1994 avec un but : être le témoin de drames humains. Explorant les lieux les plus violents de la planète, il saisit, appareil en main, des instants poignants de vie, de lutte, de souffrance, d’une force parfois à la limite du soutenable. Jugé en son temps trop esthétisant, accusé par certains de mettre en scène abusivement les souffrances de ses contemporains, le débat semble aujourd’hui anecdotique tant la forte signification des photos dépasse toute interprétation. Pas de voyeurisme chez Salgado. Son noir et blanc est sublime. Savante alchimie entre numérique et analogique (les spécialistes apprécieront) les clichés dévoilent sans fard l’insoutenable vérité des guerres, génocides, famines et déplacements de population. C’est à pas comptés et avec nuance que Wim Wenders accompagne Sébastião Salgado dans le récit de son parcours personnel et de ses douloureuses étapes professionnelles qui à l’évidence l’ont fortement marqué.
De la mine d’or brésilienne de Serra Pelada – fourmilière humaine saisissante – aux puits de pétrole en feu du Koweït en passant par le Sahel, l’Ethiopie, le Rwanda, l’ex-Yougoslavie, le Pérou ou encore la Bolivie, Salgado apporte un commentaire saisissant sur son travail et ses expériences au cœur des conflits du XXe siècle. Le photographe fait face à la caméra comme il a su faire face à ses sujets. Par un astucieux procédé de transparence il se retrouve mêlé à ses clichés. L’émotion l’envahit puis vient le silence. Wenders laisse bien sûr le spectateur respirer en lui accordant tout le temps nécessaire pour prendre la mesure émotionnelle qu’implique le travail du photographe et surtout le temps pour le comprendre.

Marqué par toutes ces années passées « au cœur des ténèbres », Sébastião Salgado retournera dans son Brésil natal faire une pause, y épousera la cause écologique, (véritable exutoire pour se prouver que l’homme n’est pas que mal et destruction) et se consacrera entièrement à la reforestation d’une partie de sa région natale. Il enchaînera ensuite les reportages sur mille et une beautés de notre planète : la faune, la flore et autres lieux magiques oubliés des hommes que l’on retrouve dans GENESIS son dernier ouvrage.

Comme une preuve d’amour, confiant finalement en l’humanité, il délivre aujourd’hui un message plein de sagesse. Sans doute pour montrer aux générations futures que tout n’est pas perdu !

Quelques œuvres de l’artiste :

© Sebastiao Salgado
© Sebastiao Salgado

© Sebastiao Salgado
© Sebastiao Salgado

© Sebastiao Salgado
© Sebastiao Salgado

© Sebastiao Salgado
© Sebastiao Salgado

© Sebastiao Salgado
© Sebastiao Salgado

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