Fou d’Amour – Philippe Ramos

Esthétique impeccable, acteurs remarquables, mise en scène inventive où charnel et spirituel se marient avec audace. 5 raisons pour ne surtout pas rater Fou d’Amour.

  • Parce que rappeler de manière humoristique qu’un homme d’église n’en demeure pas moins un homme avec ses désirs, passions et tentations me paraît assez jouissif. N’en déplaise aux coincés de tout bord qui verront dans le choix de la comédie surréaliste pour un sujet si tragique, une réelle erreur de mise en scène. Petits bonheurs et plaisirs sensuels dépeints d’un ton badin ne font que précéder la folie macabre exprimée dans un film qui par petites touches de couleurs va virer du rose au carmin pour atteindre au paroxysme de son dégradé un noir « intense et tragique ».
  • Parce que faire conter l’histoire à la tête du guillotiné gisant au fond d’un panier dès les premières minutes ne manque pas de sel. Voix off à la diction parfaite, aux propos souvent cyniques, parfois poétiques mais toujours hypnotiques. Image troublante, non sans rappeler quelques peintures christiques d’un autre siècle.
  • Parce que de Raphaël à Poussin l’inspiration picturale de Ramos participe pleinement à faire de Fou d’Amour un ravissement pour les yeux. Le metteur en scène lui même affirme être étrangement beaucoup plus inspiré par la vue d’un tableau que d’un film lorsque l’envie de faire du cinéma s’impose à lui. Et de reprendre ses propos :  « Je pourrais presque dire que mes véritables maîtres ne sont pas des cinéastes, mais des peintres. D’ailleurs, lorsque j’étudiais l’histoire de l’art, je disais que c’était la meilleure école du cinéma qui soit. Comme si en apprenant comment les peintres travaillaient, vivaient leur art, j’allais apprendre à faire des films… Ce n’était peut-être pas si faux! ».
  • Parce que Dominique Blanc en châtelaine coquine lançant de croustillantes saillies au prêtre qu’elle prend sous sa coupe et invite à partager sa couche rayonne par le raffinement de son jeu. « Vous savez Armance faire vivre ce club de théâtre ne m’a jamais rendu aussi heureux » lui dit-il « Quand je pense au plaisir que vous m’avez procuré la nuit dernière, je me dis exactement la même chose » lui répond-t-elle.
  • Enfin parce que Melvil Poupaud en prêtre libidineux, cynique, psychopathe et meurtrier joue sur les contrastes avec dextérité. A la fois beau et laid, intelligent et idiot, lunaire et solaire, sérieux et léger il instille savamment dépravation et perversité dans les veines d’un film au final plutôt dérangeant.

 

 

Commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.