Le Jeu de Paume propose du 14 octobre au 8 février prochain une rétrospective du photographe de l’Amérique fissurée : Garry Winogrand. Celui qui disait Le monde n’est pas bien rangé, c’est un vrai bazar que je ne cherche pas à remettre en ordre savait avec maîtrise s’emparer de la vie des villes dans leur quotidien et en extraire une intensité, sans souci aucun d’en faire des œuvres d’art. Et pourtant… de la vie sur pellicule qui bouillonne, d’horizons incertains légèrement de traviole émanent une force artistique peu commune.
Célèbre pour ses clichés de New York en particulier et des Etats-Unis en général de 1950 jusqu’au début des années 80, l’artiste a donc fait de la rue – si énigmatique – son sujet principal. Il y photographie les foules, les jeunes, les vieux, les hommes, les femmes; autant d’anonymes à mettre en boîte sans entrer dans leur intimité ou créer un sens mais juste avec l’objectif de l’étranger qui passe, qui voit et puis qui donne à voir.
Il n’existe semble t-il en photographie aucun ensemble de taille ou de qualité comparables qui soit à ce point resté à l’état de friche, or l’exposition se veut être un premier pas vers une analyse globale du travail inachevé de Winogrand. Divisée en trois parties, elle couvre une grande variété de sujets chers à l’artiste. « Descendu du Bronx » propose des photographies prises en majorité à New York de 1950 à 1971. « C’est l’Amérique que j’étudie » rassemble des travaux réalisés à la même époque mais lors de voyages hors de New York. « Splendeur et déclin » enfin porte sur la période de maturité depuis son départ de New York en 1971 jusqu’à sa mort en 1984 avec des images du Texas et de la Californie du Sud, ainsi que de Chicago, de Washington, de Miami et d’ailleurs.
Connu pour être un grand bavard doté d’une personnalité exubérante, les commentaires dont il émaillait ses projections et conférences étaient souvent plein de verve et plutôt amusants. Le Jeu de Paume propose d’ailleurs des extraits d’une vidéo réalisée en 1977 qui permettent aux visiteurs de se faire une idée sur l’artiste de son vivant.
au 8 février 2015
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