La Maison Européenne de la Photographie – située au cœur du quartier Saint-Paul dans un ancien hôtel particulier – propose en ce moment une série d’expositions qui valent franchement le coup d’œil. J’y allais essentiellement pour voir William Ropp, le célèbre sculpteur de l’ombre et ses portraits sombres de l’enfance inquiète ou inquiétante, de l’homme dépouillé, de la contorsion des visages et des corps. Des clichés tout en ombre et lumière inscrits dans un univers onirique qui fait peur autant qu’il fascine.
Mais au-delà de ces 20 clichés, je me suis également laissé séduire par les deux autres talents que sont Dominique Issermann et Youssef Nabil.
Venons-en d’abord à la démarche d’Issermann. Pendant trois jours l’artiste a photographié Laëtitia Casta, dépouillée elle aussi de tout artifice, dans les thermes de Vals construits par l’architecte Peter Zumthor. Les photos en noir et blanc d’une beauté incroyable de l’actrice dans une nudité souveraine et libre, totalement abandonnée à la photographe, jouent également avec bonheur sur les effets d’ombre et de lumière. Pour ma part je suis restée scotchée par la poésie de certaines, leur côté troublant, notamment celles où la chevelure de Casta telle une méduse flotte au gré de l’eau et y déploie ses longs filaments urticants. Magnifique! « Ce n’est pas un bassin, c’est un bâtiment rempli d’eau, un lieu où l’eau se répand. La lumière pénètre par des fentes, poignarde les blocs de pierre traçant sur les murs une carte. Le chemin où pendant 3 jours, j’ai photographié Laëtitia Casta » dira Dominique Issermann.
Au tour ensuite de Youssef Nabil qui pour la MEP a sélectionné 60 œuvres dont quelques gros plans épurés sur les visages de Catherine Deneuve, Marina Abramovic ou bien Charlotte Rampling posant telle la Joconde. Étonnants aussi cette photographie de Fanny Ardant en vierge Marie tenant dans ses bras le Christ ou ce portrait hommage à Frida Khalo intitulé My Frida réalisé au Caire en 1996.
L’artiste qui se met également pas mal en scène dans ses clichés travaille précisément la pose et colorise ensuite à la main le tirage argentique pour un résultat légèrement suranné rappelant l’atmosphère des vieux films égyptiens. En ce qui me concerne j’ai particulièrement apprécié son ensemble de photographies intitulé I will go to paradise où il s’immortalise dans un premier cliché de dos descendant vers la mer, puis progressivement dans un deuxième, un troisième et un quatrième avance dans la mer vers le soleil couchant, pour ensuite disparaître totalement dans le dernier cliché où seuls subsistent les éléments naturels, Nabil étant parti …au paradis. A voir indéniablement.
Enfin la MEP propose une dernière expo, qui m’a beaucoup moins enthousiasmée, intitulée Eloge du vertige sur la photographie expérimentale des 60 dernières années au Brésil au travers Geraldo de Barros, Claudia Andujar, Miguel Rio Branco ou Cris Bierrenbach dont voici une photo quelque peu troublante…
En savoir plus :
> Maison Européenne de la Photographie
5-7 rue de Fourcy
75004 Paris
www.mep-fr.org
Ouvert du mercredi au dimanche de 11h00 à 19h30
Plein tarif : 7 euros
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