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Studio Blumenfeld – New York 1941-1960

Structure extérieure vert vif et ultra contemporaine ondulant presque avec le « flow » de la Seine, la Cité de la Mode et du Design consacre en ce moment une exposition au grand photographe allemand Erwin Blumenfeld. Invitée pour l’occasion à une soirée privée en présence de François Cheval (commissaire) et de Nadia Blumenfeld Charbit (petite-fille de l’artiste décédé en 1969) j’avoue avoir été soufflée par la modernité des clichés qui s’offraient à mes yeux. Car qui ne connait pas Blumenfeld se laissera tout de suite séduire par le beau, l’original, le mystérieux et les nombreuses références picturales auquel son art fait allusion mais aura du mal à comprendre comment de tels clichés datant des années 60 peuvent paraître aussi actuels. Avoir le privilège des explications du travail de l’artiste, de la vision de son art et de sa perception du monde rend indéniablement le tout encore plus savoureux.

Cette exposition outdoor et indoor donne donc à voir les expérimentations couleur du photographe via une sélection d’images dont une trentaine sont inédites. Les plans-films exhumés – qui ne sont pas photos finalisées mais Kodachromes conservés rendant compte de la conception d’une prise de vue de l’artiste avant intervention du directeur artistique et de l’imprimeur – ont toutefois demandé reconstruction ayant viré au monochrome. Un travail de titans incroyablement réussi.

Un hommage à Blumenfeld à travers le prisme de ses années florissantes, de 1941 à 1961, durant lesquelles son studio new-yorkais sera le foyer de son génie créatif et expérimental. Héritier du dadaïsme, l’artiste va faire de sa photographie une réalité parallèle. Il ne s’agit pas de voir le monde tel qu’il est (d’ailleurs est-ce seulement possible?) mais bien de voir le monde au travers de la réalité de chacun. La réalité est toujours obscure! Au photographe de l’éclaircir pour la rendre lumineuse. Affranchi du pesant fardeau de la pose convenue dans le milieu de la mode (Blumenfeld ayant photographié pour Vogue), il apprend selon ses propres termes à « honnir cette foire de la vanité » et à faire rentrer l’art en contrebande, y faire passer des émotions et surtout en générer. Erwin Blumenfeld avertit : la photographie n’est qu’interprétation et codes de toute nature. Ce que nous voyons dépend de notre culture, nos valeurs, nos émotions et nos expériences personnelles. Les événements s’interprètent en fonction de la multitude d’écrans qui s’interposent entre nous et la réalité. Et cette manière de voir les choses sera le parfait reflet de sa proposition artistique.

La photographie devient geste créatif à même de fournir les éléments d’une fiction réussie : attraits de la couleur, surprise poétique de la superposition, provocation rétinienne par un savant mélange d’assemblages incohérents. Elle devient invitation à explorer de nouveaux territoires, à engager le spectateur dans la voie de la curiosité et du doute. Que ses œuvres fassent référence à l’art de la renaissance (La naissance de Vénus), à la peinture Hollandaise du 17ème (Jeune fille à la perle) ou encore au cinéma expressionniste de Fritz Lang, le résultat est juste époustouflant, audacieux et tellement moderne. Alors courez-y, vous avez jusqu’au 4 juin pour découvrir, si ce n’est déjà le cas, Erwin Blumenfeld.

Cerise sur le gâteau, la soirée s’est achevée par un cocktail au Café Oz Rooftop!

 

Studio Blumenfeld

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En savoir plus…

> Expo Blumenfeld – Cité de la Mode et du Design

 

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